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Insécurité et vulnérabilités

La France est-elle irréformable ?

La France est-elle irréformable ?

Introduction

« On n’agirait jamais si l’on considérait le poids immense des choses et la faiblesse de l’homme » (Alain, Propos sur l’éducation)

Réformer, ce n’est pas se battre pour des mots mais pour des réalités. Si les Français votent facilement pour un réformateur, ils restent proches des contestataires. Cela nécessite une volonté politique forte, sans obstination, pour dépasser ce paradoxe. Les réformes suscitent toujours une opposition de principe et doivent être fondées sur des valeurs fédératrices, du dialogue et du temps. Les modernisateurs doivent convaincre de l’utilité des transformations qui peuvent apparaître comme des menaces pour ceux qui les vivent.

Certains gouvernants considèrent que la France est irréformable (I) d’autres estiment le contraire à condition de respecter certains principes (II).

I. UNE France IRREFORMABLE EN APPARENCE

Cela tient aux blocages institutionnels et à l’inconséquence des mœurs politiques.

Il est difficile de réformer avec un déficit abyssal obligeant à se justifier auprès des instances européennes. On constate aussi l’effondrement de l’autorité politique depuis trente ans, incapable de construire des diagnostics partagés à cause de la culture protestataire. Cette radicalisation des comportements a conduit, ces quarante dernières années, à de nombreux projets de loi avortés sous la pression de la rue. Le rôle du Parlement s’est affaibli sous la Vème République par un manque de contrôle budgétaire, administratif ou législatif, comme on l’observe ailleurs.

C’est difficile de réformer les règles mais encore plus les mœurs politiques sous la Vème République. L’élite au pouvoir est toujours masculine alors que les femmes sont majoritaires. Le cumul des mandats, singularité française, n’a aucun équivalent dans les autres démocraties. Il y a aussi cette attitude ambivalente à l’égard du droit : les textes sont vidés de leur substance ou modifiés conduisant tantôt à un relativisme juridique tantôt à une débauche normative. Certaines réformes nécessaires et identifiées, comme celle de l’Etat, n’ont pas vu le jour faute de courage politique. La professionnalisation des acteurs politiques depuis vingt ans ne permet plus une représentation efficace de la société. Même la fonction présidentielle en sort dégradée.

La France peut se réformer en surmontant certaines contradictions et en respectant quelques prérequis.

II. DES REFORMES POSSIBLES SOUS CONDITIONS

Certains processus restent valides mais les gouvernants doivent sortir des sentiers battus.

Il faut revoir la gouvernance publique pour faire comprendre et accepter les réformes qui engagent l’avenir et nécessitent un consensus, comme la réforme des retraites, la fiscalité ou l’enseignement supérieur. Garantir l’intégrité des institutions passe par une meilleure représentation de la société. Les décisions passées en force sont vouées à l’échec et poussent les Français dans la rue. La verticalité du pouvoir et l’omni-présidence concourent à amplifier ce phénomène. Pour contrecarrer ce dernier, il faut redonner des prérogatives au gouvernement qui doit avoir le souci de la pédagogie auprès des Français.

Il faut sortir des sentiers battus et créer des coalitions de circonstance pour travailler sur des sujets républicains. Les périodes de cohabitation se sont souvent révélées d’un grand dynamisme politique. Il convient aussi de développer la culture de l’évaluation et de la concertation parlementaires tout en mettant en place un véritable dialogue social. Le recours systématique à l’impôt, une « maladie française », doit être compensé par la croissance, laquelle n’est pas toujours au rendez-vous. Il faut aussi s’attaquer aux dépenses sociales qui sont supérieures à celles de nos voisins sans être plus efficaces. Certains économistes plaident aussi pour le gel de la revalorisation des retraites par rapport à l’inflation.

Conclusion

La politique des petits pas finit par rendre le monde plus vivable. Réformer, c’est être en adéquation avec la réalité sans s’accommoder d’une gestion au fil de l’eau. La traversée des dernières crises a révélé une forme d’amateurisme et d’impuissance politiques.

Quand les besoins changent, les institutions doivent s’adapter. Trois clefs paraissent indispensables : la volonté, une conviction et la confiance.

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