Insécurité et vulnérabilités

Le pouvoir des médias : réalité ou fantasme ?

Le pouvoir des médias : réalité ou fantasme ?

Introduction

La société médiatique actuelle relève à la fois des innovations techniques et des progrès de la liberté d’expression.

Cinéma, presse, télévision, radio et Internet constituent ce paysage avec une libéralisation qui s’accentue depuis 1982. Aujourd’hui, 91,4 % des quotidiens appartiennent à six milliardaires qui peuvent influencer l’opinion et l’action publiques. Des rapports officiels ont établi des diagnostics sans vraiment proposer de solutions pour préserver le pluralisme et limiter les concentrations. Les médias offrent une certaine diversité et déontologie grâce à une règlementation française et européenne. Internet et les réseaux sociaux favorisent la circulation de fausses informations obligeant le citoyen à faire preuve de discernement.

Les médias exercent un pouvoir d’influence sur l’opinion et les acteurs politiques (I). Il demeure limité grâce à la multiplication de l’offre et une règlementation idoine (II).

I. UN POUVOIR REEL…

Les médias exercent une influence réelle sur l’opinion et les pouvoirs publics.

On a déjà pu observer l’impact des fausses rumeurs sur Internet à l’occasion du vote Républicain ou du Brexit. Les médias sont des vecteurs de consommation où le citoyen peut devenir esclave de ses propres désirs suggérés par des algorithmes. Des plateformes comme Google, Facebook, Twitter, Netflix, etc., présentent des positions oligopolistiques dictant le choix des usagers et monopolisant les ressources publicitaires. Pour contrecarrer cela, le capital a investi de nouveaux groupes dominant la diffusion et les réseaux de distribution. Le modèle économique des médias traditionnels a été bouleversé, inféodant les journalistes à leurs actionnaires et précarisant leur statut. La presse indépendante a été discriminée et affaiblie nécessitant l’intervention du syndicat national des journalistes et de la défenseure des droits.

Les propriétaires de groupes médiatiques comme Vincent Bolloré suscitent de légitimes inquiétudes avec une droitisation extrême des orientations éditoriales sur l’immigration et l’insécurité. Les médias traditionnels sont dépendants de la mainmise de ces magnats dans un domaine qui leur est étranger. Les politiciens ont aussi besoin de ces médias pour exister et sont influencés par leurs propriétaires. C’était déjà le cas sous la IIIème République occasionnant scandales et conflits d’intérêt.

Le pouvoir médiatique est cependant fantasmé. Le public reste méfiant et de nouveaux processus juridico-économiques moralisent le paysage audio-visuel.

II. … MAIS AUSSI SANS DOUTE FANTASME

Le pouvoir des médias est limité par la multiplication de l’offre, une méfiance accrue du public, l’intervention de l’Etat et une règlementation plus incisive.

La surabondance de l’offre limite l’influence de certains médias traditionnels mais elle crée aussi des fragilités financières. Des acteurs reconsidèrent les formats et modèles passéistes des médias monopolistiques. Certains patrons de groupes ont transformé des chaînes d’information en chaîne d’opinion C’est le cas de CNews. Tout cela contribue à faire douter les citoyens quant à la transparence des médias. Médiapart ou Arrêt sur image investissent dans le numérique pour corriger une relation faussée avec le public.

L’Etat doit encadrer et réguler les médias en limitant les concentrations et avec le souci du service public. La création d’une autorité administrative indépendante s’y emploie malgré des résultats modestes. Les journalistes doivent avoir la capacité d’appliquer des clauses de conscience pour exprimer leur indépendance face au monde politique et économique. D’autres projets ont été avancés comme une « loi de démocratisation des médias », la création de délits de trafic d’influence dans l’information, ou l’existence d’administrateurs indépendants au sein des conseils d’administration. Médiapart applique un système juridique permettant d’éviter toute prise de contrôle et une étanchéité totale entre finances et ligne éditoriale.

Conclusion

Sans information indépendante, le débat démocratique est illusoire. Les médias sont essentiels dans la vie politique et la participation électorale mais la démultiplication des choix conduit tantôt à la désinformation, tantôt à une inégalité d’accès à l’information. L’Etat doit garantir le pluralisme des médias en légiférant et en veillant à leur santé économique.

La liberté de la presse est toujours à défendre et constitue « la clef des libertés civiques d’un peuple ».

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