Peut-on concevoir un avenir industriel pour la France ?
Peut-on concevoir un avenir industriel pour la France ?
Introduction
L’industrie manufacturière pèse aujourd’hui 11 % du produit intérieur brut (PIB) français contre 16 % pour l’Europe.
La pandémie a désorganisé les structures d’approvisionnement et montré la vulnérabilité de la France. La désindustrialisation, en quarante ans, a entraîné des pertes économiques abyssales. L’industrie est créatrice de richesses et d’emplois et contribue à l’équilibre de la balance commerciale. Le « made in France » retrouve de l’attractivité avec les progrès de la robotisation et de la numérisation permettant la relocalisation d’industries en France soutenues par l’Etat et les collectivités territoriales. Le chemin sera néanmoins long pour rattraper le retard accumulé.
Les retombées désastreuses de la désindustrialisation (I) doivent conduire gouvernants, collectivités et entrepreneurs à concevoir un nouvel avenir industriel pour la France (II)
i. quarante ans de desindustrialisation ont eu des consequences DELETERES SUR L’ECONOMIE FRANCAISE
La première conséquence de la désindustrialisation est la dépendance de la France pour ses approvisionnements auprès des grandes chaînes mondiales désorganisées pendant la crise sanitaire. Un million d’emplois ont été perdus dans le secteur secondaire. Le pays croyait pouvoir se passer d’usines en oubliant le quotidien des Français et en ne se consacrant qu’aux tâches nobles relevant du savoir et de l’intelligence. Des régions entières ont été impactées, les entreprises périclitant ou délocalisant leur production dans des pays étrangers à moindre coût de main-d’œuvre.
Tous les politiques sont d’accord aujourd’hui pour reconnaître que ces orientations ont été néfastes au développement économique et ont favorisé l’abandon de certains territoires comme le Nord. Avec la désindustrialisation, la France et, à un moindre degré l’Europe, se sont appauvries passant progressivement d’une économie de production à une économie de consommation. Pourtant, les produits importés se sont souvent révélés, à bien des égards, de mauvaise qualité et renchéris par les coûts de transport qui n’apportent aucune plus-value. La fiscalité des successions n’a rien arrangé pour ce qui concerne les entreprises de taille intermédiaires (ETI) seules capables de se développer à l’international et d’assurer un service après-vente efficace.
Réinvestir dans l’industrie apparaît dès lors une évidence mais en tenant compte des nouveaux enjeux, notamment climatiques.
II. REINVESTIR DANS L’INDUSTRIE POUR REPONDRE AUX ENJEUX ECONOMIQUES CONTEMPORAINS
L’industrie apporte de la richesse et de l’emploi puisque chaque poste créé génère trois emplois de service. La qualité française est un atout et la recherche et développement (R&D) est essentielle pour la pérennisation des entreprises. Une France redevenue attractive doit réindustrialiser en incluant le changement climatique et les nouvelles politiques publiques territorialisées. Les technologies de rupture sont à privilégier comme celles qui touchent à la santé et qui ont tant fait défaut pendant la crise COVID. Il faut attirer les fournisseurs, français ou étrangers, pour produire local, vert, recyclable, à moindre coût énergétique et avec une forte automatisation. Certaines start-up et entreprises l’ont bien compris. C’est la voie pour concurrencer les pays à bas coûts, peu enclins à faire des efforts en matière environnementale et devant, à ce titre, être taxés.
La réindustrialisation fait maintenant consensus entre l’Etat, les collectivités et les entrepreneurs. L’Etat dispose des incitations fiscales et peut faire appel à l’épargne privée. Il doit baisser les impôts de production. La Caisse des dépôts et consignation au travers de la Banque des territoires s’inscrit dans cette dynamique en associant entrepreneurs et collectivités territoriales pour les relocalisations en cours. Malgré le retard accumulé, notamment au regard de l’Europe et des déficiences des politiques publiques, la modernisation des machines rend possible cette réindustrialisation.
Conclusion
La réindustrialisation sera longue et il faudra encourager de grands groupes comme Peugeot et Renault à relocaliser certaines de leurs productions en France. L’Etat a un rôle essentiel sur le long terme auquel il faut ajouter les élus régionaux, les entrepreneurs et même les épargnants tout en assouplissant certaines règles du code du travail.
La réindustrialisation n’est au fond qu’une facette de l’indépendance et de la souveraineté de la France.
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