Cinq ans après « Charlie Hebdo », qu’en est-il de la sécurité et des libertés en France ?
Cinq ans après « Charlie Hebdo », qu’en est-il de la sécurité et des libertés en France ?
Introduction
Depuis l’affaire Charlie Hebdo, les attentats se sont multipliés en France. La mort par décapitation d’un professeur marque un changement de stratégie des terroristes.
On dénombre près d’une vingtaine d’attentats ayant fait 260 morts et plusieurs centaines de blessés et traumatisés. Ce terrorisme pose la question de la sécurité du territoire français et de sa population mais aussi des libertés publiques d’opinion et d’expression. Radicalisés et au profil psychiatrique parfois instable, certains terroristes peuvent être inconnus des services de renseignements, et obligent les institutions à s’adapter à des situations évolutives au regard des stratégies adoptées.
Depuis cinq ans, la gestion de la sécurité est sous haute tension (I) et la liberté d’expression ébranlée (II).
- I. UNE GESTION DE LA SECURIte sous haute tension
La rédaction de Charlie Hebdo est maintenant installée dans un lieu secret et sous haute protection. Parmi les derniers attentats, certains ont été perpétrés par des individus inconnus de la police et sans problèmes particuliers.
Malgré certaines créations comme le parquet national antiterroriste (PNAT), la justice et les enquêteurs vivent sous pression avec des affaires en augmentation mais aussi la menace des sortants de prison radicalisés, soit 42 en 2020 et 55 en 2021.
Il faut évoquer aussi le retour des enfants de la zone irako-syrienne dont il est difficile de prédire l’avenir. 84 sont rentrés depuis 2014 avec, pour ceux nés sur place, la difficulté supplémentaire d’établir une filiation claire. S’ils n’ont pas le profil d’enfant-soldat, ils sont tous atteints de troubles psychiatriques, parfois sévères. Réceptionnés par l’Aide Sociale à l’Enfance ils sont placés en famille d’accueil, auprès de leur mère quand elle est sous contrôle judiciaire ou encore confiés à la famille élargie. Leur situation est réévaluée périodiquement avec une évolution généralement dans le bon sens.
Nonobstant la politique initiale de « non-retour », il apparaît préférable de réintégrer ces familles au vu de la situation dramatique des mineurs et pour déjouer de nouveaux risques d’attentats sur le sol français.
Hormis la sécurité, il y a la question des libertés publiques remises en cause par la menace terroriste.
II. UNE LIBERTE D’EXPRESSION EBRANLEE
Pour Charlie Hebdo, les libertés reculent. Tout ce qui blesse est écarté ; la censure est remplacée par l’intimidation des réseaux sociaux. La France, a été à la Révolution le premier pays d’Europe à dépénaliser le blasphème, ce « crime imaginaire ». La notion de liberté individuelle apparaît avec Saint-Paul et Tertullien ; développée à la Renaissance, elle se confirme dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et la liberté de la presse en 1881. Principe constitutionnel, elle se voulait universelle dans la déclaration de 1948 mais ne trouvera que peu d’écho. Dans les années 1960, avec la presse à scandale, le code pénal encadre cette liberté en réglementant le droit à l’image, le secret professionnel et de la correspondance ou encore la protection des mineurs.
L’islamisme s’apparente au fascisme ; son accaparement par des doctrinaires violents favorise la montée de l’obscurantisme infiltré aussi bien dans la littérature que dans le quotidien des familles. Certaines d’entre elles, converties par un prosélytisme sectaire, ont été décimées par le djihad. En réaction à ces phénomènes, l’antisémitisme, l’islamophobie, le racisme et l’intolérance prospèrent, avec de nouvelles fractures exprimées par les « gilets jaunes » et des tensions toujours plus vives avec la police.
CONCLUSION
« La peur va changer de camp » affirme le président de la République pour faire taire les voix discordantes du gouvernement qui balancent entre primauté du droit et nécessité d’agir dans un pays où « l’ennemi est là ». Après 2015, la sécurité s’est encore dégradée et les libertés sont contestées.
La décapitation de Samuel Paty, ce professeur qui a présenté les caricatures de Mahomet à ses élèves, interroge l’état de la cohésion sociale.
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