Insécurité et vulnérabilités

Les mafias, un aspect méconnu de la mondialisation

Les mafias, un aspect méconnu de la mondialisation

Introduction

Avec les mafias, il n’y a pas d’alternative : c’est « l’argent ou le plomb ».

L’argent est l’objectif principal selon un modèle de trafic – prédation : drogues, tabac, armes, prostitution, jeux clandestins, déchets, contrefaçons, cybercriminalité, prêts usuriers, extorsions d’entreprises légales, détournements de fonds publics, etc. Les mafias utilisent volontiers la corruption et le blanchiment et recherchent une légitimité. En cas d’obstacle, elles recourent à la violence contre leurs victimes ou leurs concurrents et cela peut aller jusqu’aux crimes contre l’humanité. Elles entretiennent une relation complexe avec les Etats pour maximiser leurs profits. Attachées à leurs origines, elles couvrent cependant les cinq continents.

Les mafias sont présentes urbi et orbi (I) et s’infiltrent insidieusement au sein des Etats dans lesquels elles prospèrent (II).

I. LES MAFIAS, UNE PRESENCE URBI ET ORBI

Les mafias sont présentes à l’international mais avec un fort ancrage territorial et familial et des modes opératoires semblables.

C’est une criminalité silencieuse, sans visage mais identifiable : Cosa Nostra, Camorra, ‘Ndrangheta, le cartel mexicain du Sinaloa, les triades chinoises, les Yakuzas japonais, etc. Ces organisations s’exportent en conservant de solides attaches territoriales et familiales et une mainmise sur la diaspora. Leurs profits sont estimés à 870 milliards, voire 2.000 milliards de dollars selon certaines sources. Elles prospèrent dans les Etats disposant de législations lacunaires et non dotés d’unités spécialisées pour la prévention et la répression de ces phénomènes.

Présentes sur les cinq continents, elles se distinguent des multinationales traditionnelles par une violence systémique et le recours au blanchiment et à la corruption. Ce sont des organisations entreprenantes, complexes, hétéroclites, structurées, internationales, qui s’adaptent au changement en assurant leur invisibilité avec l’omerta, l’assujettissement et le suivi de règles strictes. Ceux qui habitent dans leurs territoires n’ont d’autres solutions que de composer avec elles. Elles s’adaptent en permanence et prennent de vitesse les différentes législations des Etats dans lesquels elles se développent, ceux où la coopération judiciaire est limitée et où les mesures de prévention sont encore à définir ou balbutiantes.

Conquérir le monde est une chose mais asseoir sa légitimité en est une autre.

II. LES MAFIAS INFILTRENT INSIDIEUSEMENT LES ETATS

Les mafias affectionnent l’économie et la politique pour sanctuariser leurs bénéfices et s’assurer d’une certaine légitimité.

Les mafias comme les entreprises commerciales, recherchent le rapport coût-bénéfice le plus avantageux. Elles limitent les intermédiaires pour maximiser les profits. Chez les calabrais, certains font des études dans les meilleures universités pour maîtriser les techniques juridico-financières et organisent leur propre schéma d’évasion fiscale. Ils supervisent ainsi de nombreuses entreprises légales et colonisent progressivement l’économie réelle. Leurs liquidités leur permet de prêter à des taux usuraires à de petites entreprises ainsi piégées. Dans certains pays, les mafias n’infiltrent plus l’Etat mais gouvernent avec lui.

Beaucoup d’Etats appréhendent mal les mafias car elles s’immiscent insidieusement dans leurs rouages. Le Mexique est considéré comme la troisième économie mafieuse après la Russie et la Chine. Les calabrais ambitionnent de conquérir le monde mais les guerres intestines perturbent leur fonctionnement et causent de nombreuses victimes. Des charniers relevant de la compétence de la Cour Pénale Internationale ont été mis à jour au Mexique. Dans les Balkans, le spectre de Slobodan Milosevic plane sur les mafias serbes et monténégrines considérées comme des acteurs majeurs du crime organisé. Dans ces pays, l’Etat est indissociable des mafias. L’Europe offre un terrain privilégié pour le blanchiment malgré les avancées d’Europol et d’Eurojust dans ce domaine.

Conclusion

Les mafias sont des multinationales utilisant la violence, la corruption et le blanchiment et entretenant des relations complexes avec les Etats pour contourner les règles et maximiser les profits. Ces derniers accusent un retard certain dans la lutte antimafia.

Les Etats doivent s’adapter et faire face à cette menace qui gangrène le pouvoir et provoque des conséquences délétères sur la vie des citoyens.

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