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Insécurité et vulnérabilités

Liberté, égalité, fraternité : Une devise à géométrie variable

Introduction

Les trois piliers de la République portent en eux un idéal plus qu’une réalité.

Liberté, égalité, fraternité sont à la fois des valeurs à géométrie variable, qui se complètent mais peuvent aussi s’opposer. Si la liberté et l’égalité ne font guère débat pour l’ensemble des citoyens, la fraternité, essentielle à l’unité d’un peuple, demeure plus complexe à mettre en œuvre. L’Etat a vocation à consolider cette devise par des interventions ciblées, juridiques et sociales. C’est à ce prix que ces principes seront à même d’acquérir une valeur erga omnes.

Si la devise française s’est imposée difficilement et reste diversement appréciée (I) elle demeure le fruit d’une longue histoire nécessitant aujourd’hui une réactualisation (II).

I. UNE DEVISE COMPLEXE ET DIFFICILE A APPREHENDER

Les trois valeurs de la République s’imposent difficilement et sont appréciées diversement.

54 % des Français estiment que la liberté est une valeur cardinale. Ils ne sont plus qu’un tiers à le penser pour l’égalité et la fraternité. La conception citoyenne universaliste est rebattue par une vision identitaire. Chargée d’ambiguïtés, la devise est source de discorde : la liberté fait peur car elle émancipe par rapport au pouvoir politique, religieux et l’autonomie qu’elle donne implique des responsabilités. Les libertés ont souvent été arrachées par les armes. L’égalité de principe couvre une inégalité bien réelle. La fraternité tend à rendre des hommes dissemblables, mais égaux en droit, et a conduit à la création de la sécurité sociale. La fraternité revêt une vision désincarnée, 96 % des Français l’assimilant à une forme de respect.

L’arrivée de certains journalistes à la tête d’une rédaction font craindre pour la liberté d’expression. Les rémunérations des patrons, la précarisation généralisée, la stagnation des revenus, une finance alliée à la rente font obstacle à l’égalité et la fraternité. Les citoyens vilipendent leurs gouvernants, incapables de limiter les privilèges, d’assurer un niveau de vie décent, de promouvoir l’égalité des chances et la protection des plus faibles. On observe pourtant des fraternités de circonstance vécues lors des attentats ou du Covid 19. On préfère souvent la solidarité à la fraternité : moins invasive, elle entraîne néanmoins une forme de déshumanisation des échanges.

Une fois les contours de la devise dessinés, il faut encore l’adapter aux nécessités du temps présent.

II. LE FRUIT D’UNE LONGUE HISTOIRE A REACTUALISER

C’est une devise qui puise ses origines dans l’histoire du pays mais nécessite cependant des réajustements.

La devise républicaine s’est imposée lentement. Apparue à la Révolution, il lui faut près d’un siècle pour être inscrite dans la Constitution. Son approche syncrétique, à la fois chrétienne et révolutionnaire, est aussi ancrée dans l’esprit des Lumières et l’héritage maçon. Athènes évoque déjà l’égalité même si elle ne concerne pas les femmes et les esclaves. Les jacqueries ont été tout au long de l’histoire une illustration saisissante de cette quête pour l’égalité qui mobilise plus que jamais, la crise du Covid 19 ayant mis en exergue les difficultés sociales et économiques des Français.

L’Etat doit rebâtir la confiance notamment au travers de l’égalité économique. Il est nécessaire de redonner à la devise française ses lettres de noblesse en puisant dans des sources variées. L’égalité peut être revalorisée en s’émancipant de « l’indépendance ultralibérale », de la « culture de classe » et par la promotion de « l’égale dignité de tout homme dans une interdépendance fraternelle ». Pour des gens comme Riss de Charlie Hebdo, c’est la liberté qui doit triompher et notamment la liberté d’expression. La fraternité, quant à elle, ne doit pas conduire au communautarisme.

Conclusion

La devise nationale s’impose difficilement malgré des objectifs louables mais contradictoires nécessitant parfois des arbitrages politiques. La fraternité, jugée utopique, est pourtant garante de la cohésion nationale.

Ces principes, aujourd’hui malmenés, font craindre l’émergence du communautarisme. La confiance redevient nécessaire et l’Etat doit faire respecter ces principes républicains par des actions concrètes dans le quotidien des Français.

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