Insécurité et vulnérabilités

Une école à la dérive ?

Une école à la dérive ?

Introduction

« Le mal que l’on dit de l’école » révèle « l’ignorance et le fatalisme des familles » (Daniel Pennac).

Le rapport PISA (Program for International Student Assessment) évalue les élèves de 15 ans dans 72 pays et dépeint une école française avec de piètres résultats. Face à la massification de l’enseignement et l’obligation scolaire, l’école cherche un nouveau souffle. Exposée à la violence et au harcèlement, le déterminisme social pèse lourd dans la réussite ou l’échec. L’école inclusive n’est pas épargnée. Les réformes n’ont pas empêché la dévalorisation du métier d’enseignant, le manque de moyens, l’évaluation lacunaire des méthodes pédagogiques et une orientation défaillante.

L’école, en perte de repères (I), doit trouver les moyens de se réinventer (II).

I. UNE ECOLE EN PERTE DE REPERES

Cette perte de repères relève de causes exogènes et endogènes.

L’instruction publique favorise les couches privilégiées et obère les chances des milieux populaires. PISA pointe le mal-être des jeunes, leurs résultats médiocres en lecture, compréhension, mathématiques et note un désintérêt pour les sciences.

82 % d’une classe d’âge obtient le BAC mais la baisse des niveaux se confirme. 68 % des enfants de cadres sortent diplômés contre 18 % des enfants d’ouvriers.

La défiance croît à l’égard des institutions et la plateforme Parcoursup a renforcé les inégalités et introduit une marchandisation de l’enseignement. Les parcours atypiques se multiplient pour redonner un sens au travail.

Certains élèves manquent d’ambition et reproduisent les schémas familiaux.

L’école compte 3.733 postes vacants. Les réformes ont provoqué des clivages et exigent des professeurs des tâches supplémentaires. L’arrivée des handicapés depuis 2005 a alourdi le système. La fonction de conseiller d’orientation a été dénaturée. Tout cela contribue à faire fuir les vocations.

Avec les réseaux sociaux, le harcèlement a supplanté les violences scolaires. La répétition d’incidents a eu des effets dévastateurs : baisse des résultats, décrochage, dépression, suicide. L’action punitive se révèle inefficace.

L’école qui formait des citoyens éclairés, autonomes et patriotes doit aujourd’hui se réinventer.

II. UNE ECOLE QUI DOIT SE REINVENTER

L’école doit s’adapter et nécessite de nouvelles méthodes, des moyens et de l’ambition.

La place de l’enfant a changé. Une autorité bienveillante devient un objectif majeur voire révolutionnaire. La curiosité, le désir d’apprendre et les émotions prennent sens avec un observatoire ad hoc. Le climat scolaire demeure une dimension-clé de la réussite. S’agissant des religions et de la laïcité, les enseignants privilégient le dialogue avec les jeunes et la coopération de tous les personnels dans l’établissement limite les tensions. Avec les connaissances, on peut faire échec aux idées reçues même si la tâche est plus ardue pour certains enseignants, d’où l’importance de revaloriser leur fonction.

Grâce aux équipes mobiles de sécurité, à la vidéoprotection et aux protocoles école-police-justice, on a sanctuarisé les établissements et jugulé les violences. Le harcèlement, plus complexe, mobilise toutes les énergies. L’école a besoin d’effectifs raisonnables, d’enseignants formés avec des moyens adaptés pour la scolarité obligatoire. L’autonomie des établissements fait son chemin et la question des filières doit être revue, certaines se révélant plus intéressantes que d’autres comme le droit et les finances par rapport aux lettres et à la biologie. Le numérique améliore les résultats dans certaines matières et limite les clivages sociaux. Le système institutionnel d’orientation est devenu opaque et doit promouvoir des offres de formation diversifiées.

Conclusion

L’école est confrontée aux déterminismes sociaux et familiaux. Certains élèves s’orientent vers des écoles privées ou des filières par défaut. Les réformes ont créé de nombreuses frustrations mettant en danger la démocratie dont l’école demeure garante.

La quête d’accomplissement de soi deviendra centrale dans les politiques éducatives à venir.

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